Produire d'abord
Sans langue de bois, il a rappelé sur le plateau de Cuntrastu ses deux axes de travail pour la mandature : s'attaquer aux dysfonctionnements et aux points noirs, et dans le même temps, valoriser, encourager et démultiplier ce qui fonctionne.
Au coeur de son discours, l'importance de la production. Moderniser pour produire plus et mieux.
Faire remonter la part de l'agriculture dans le PIB, même si la dimension économique de l'agriculture n'est pas le seul paramètre à prendre en compte, puisqu'il a rappelé également les autres enjeux du secteur : sociétal, culturel, environnemental.
"Montrer que l'on peut faire autre chose que de la monoculture touristique dans ce pays"
Accompagner les producteurs pour qu'ils gagnent leur vie avec leur travail et leur production et pas avec les primes, et donc, évidemment, stopper les effets d'aubaine.
Selon Lionel Mortini, il est tout à fait possible d'aboutir à terme à une autonomie alimentaire : "rééquilibrer la balance import-export et produire en fonction de nos besoins, c'est à dire la majeure partie de ce qu'on consomme et qui est susceptible d'être produit sur place, avec des aménagements, de la modernisation, de la formation, de la R&D..."
Des prises de position courageuses
"De l'excellence partout, être irréprochables. Y compris sur le dossier sensible de la divagation animale."Il rappelle que depuis le 1er janvier il y a l'obligation de boucler les animaux électroniquement et que cela permettra d'éviter une grande partie des fraudes ou "arrangements"...
"Savoir que les gens peuvent boucler et déboucler comme ils veulent ce n'est plus possible"Il ne jette pas la pierre à la filière bovine, qui "a besoin de se réorganiser et de revenir à un travail collectif", saluant au passage le travail de l'altra carri, mais aussi celui des salariés de l'ODARC :
"Malgré quelques lourdeurs ou lenteurs inhérentes à un fonctionnement technocratique que nous pouvons et que nous devons améliorer, je peux vous garantir que la centaine de salariés de l'ODARC est très engagée et très impliquée pour accompagner au mieux les agriculteurs sur le terrain. L'ODARC est au service des agriculteurs et pas l'inverse"
Face à Jean-Marc Venturi
Question :
Quelles relations entre l’ODARC et les agriculteurs, et entre l'ODARC et les représentants du monde agricole ? Au fil du temps les relations entre l’ODARC et les agriculteurs se sont lentement mais sûrement dégradées, surtout avec les petits agriculteurs et les moyens agriculteurs. Parce que l’ODARC est devenue une machine à faire des règles, un système technocratique au point que certains agriculteurs nous disent qu’ils ne déposent même plus de dossiers tellement c'est compliqué. Avec les représentants, chambres, mais aussi syndicats, filières etc, il y a un chevauchement qui s’est installé et il y a des bagarres permanentes pour savoir qui prend le pouvoir dans différents domaines (souvent celui qui est du bon côté du chéquier)...
REPONSE :
Je fais partie de ceux qui ne déposaient plus de dossier à l’ODARC, donc je peux comprendre ce qui est reproché. Attention, l’ODARC fonctionne, on ne peut pas dire que ça ne fonctionne pas. Bien sûr il y a un rythme qui n’est pas le même dans l’institution et sur le terrain. Donc oui il y a des choses à réformer, notamment en termes de vitesse, de réactivité. L’année dernière on a mis en place une procédure d’aides simplifiées, avec une subvention de 60% de l’investissement, plafonné à 15000, et cela a permis d’accompagner un certain nombre de petites structures, notamment beaucoup d’éleveurs. Faciliter la capacité des jeunes que l’on installe à remplir les dossiers.
Aussi investissements réalisés via les filières, achats groupés etc.
Il y a un Plan de relance de 7 millions d’euros financé pour moitié par la CTC et par l’Etat.
Sur la question des installations, nous allons devoir refaire les règles du jeu ensemble. On ne peut pas installer pour installer. Il y a des installations qu'il est de notre devoir de refuser, mais pas au terme d'un parcours du combattant de plusieurs mois...
Le mot de la fin
« Vous êtes loin de l’inflation de comm’ qui semble caractériser les dirigeants nationalistes depuis leur accession au pouvoir est-ce votre nature ou une volonté délibérée de vous démarquer... de vouloir être dans l’action plutôt que dans la communication ? Il est peut-être encore trop tôt pour le dire... On attend les actes par rapport aux annonces entendues ce soir : la fin de la divagation animale, la fin de la culture de subvention, l’émergence d’une agriculture productive…" Patrick Vinciguerra
« Ceux qui vous connaissent assurent que vous êtes l’homme qu’il faut là où il faut, vos positions tendent à leur donner raison, avec un positionnement clair et courageux, mais les idées neuves se sont succédées y compris chez vos prédécesseurs alors... Qu’est-ce qui ferait que vous allez réussir là où tant d’autres ont échoué ?" Ghjilormu Padovani
Je ne sais pas si je vais réussir. Ce que je sais... J’y mettrai mon âme et mes tripes, toute ma force, pour honorer la confiance qui m’a été accordée. Mais je ne peux pas dire si je réussirai ou pas. Dans ce que je propose il n’y a rien de révolutionnaire. C’est une évolution juste, qu’il faut faire vite pour rester dans l’excellence de nos produits et de nos savoir-faires. Nous le devons aussi à tous ceux qui nous ont précédés sur ces terres, qui ont façonnés ces paysages, il serait indigne pour nous de ne pas travailler dans ce sens. C’est pourquoi je ne ferai pas de cadeaux si c’est nécessaire et je ne reculerai pas sur mes fondamentaux, même si l’actualité est pour l’instant au dialogue, aux échanges sur un certain nombre de points qui sont plus organisationnels qu’autre chose car j’ai le sentiment que sur le fond, nombre de nos partenaires sont sur la même ligne que nous.
Les observateurs, responsables agricoles, agriculteurs, journalistes, et même syndicats agricoles sont unanimes : « discours courageux » ; « clarté des positions » ; « compétence » ; » connaissance du sujet » ; « fermeté sans condescendance » ; « homme de terrain » ... Et les réseaux sociaux s'en font l'écho.
Présentation
